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Section 3 : Les
Chroniques de la "Guerra Verde" A) Guerres et paix à l’ouest
du Boyaca • Les premiers affrontements B)
L’histoire du dispositif institutionnel du secteur de l’émeraude : un bilan
des compromis • Période 1 : avant l’indépendance |
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« L’époque était vraiment violente puisqu’il fallait recourir continuellement à la force pour atteindre des objectifs économiques » À la sortie de la deuxième guerre mondiale, l’économie colombienne connut une des plus grandes crises économiques de son histoire. L’effondrement des marchés du café et des bananes privèrent brutalement le pays de ses principales recettes d’exportation, et l’amorce du changement promis par le parti de la « Révolution en marche », fit place à un marasme économique qui décomposa progressivement l’ascendant du pouvoir politique. Malgré l’ébauche d’importantes réformes économiques et sociales, dont l’instauration d’un Code du Travail limitant la durée du labeur, instituant les congés payés, les retraites et protégeant les syndicats, l’État soumis aux pressions des hacenderos et paralysé par les querelles de clans internes ne fut ni en mesure de les faire appliquer, ni réellement apte à gouverner dans cette situation de crise. L’incapacité des politiciens libéraux à diriger le pays s’avéra donc d’une désespérante évidence, et leur démission progressive conduisit à un abandon presque total de la gestion économique nationale aux gremios, des associations de producteurs non politisées et autonomes, exemptes des obligations clientélistes politiques et bien évidemment, des pressions syndicales. Ces premiers lobbies muselèrent les mouvements ouvriers, et fort de l’abandon des projets de législation sociale par l’État, adoptèrent à l’instar du gouvernement, la répression comme traitement classique des conflits sociaux dans les entreprises. Incessamment, la crise économique produisit son lot quotidien de « laissés-pour-compte » et bientôt, les routes ne désemplirent pas du flot des ouvriers, artisans et paysans déguenillés, fuyant la misère à la recherche d’un hypothétique emploi dans une autre région de ce pays en profonde mutation. Parallèlement à la désagrégation du système, la population se développa et les villes absorbèrent une part toujours plus importante de migrants qui, rejetés du secteur productif urbain déjà saturé, venaient progressivement grossir les rangs de l’administration défaillante ou du commerce clandestin. La sclérose du politique induisit une transformation franche des mentalités économiques des individus, qui aspiraient dorénavant à maîtriser leurs destins sans obéir à la hiérarchie de classe imposée par les hacenderos. L’insécurité renaquit dans les campagnes et sur les chemins, chacun préférant saisir sa chance que de continuer à servir « celui qui se considérait héréditairement comme leur maître ». Le 9 avril 1948, l’assassinat en pleine rue de Jorge Eliécer Gaitán, leader politique «volontiers paternaliste envers le peuple», prônant l’égalité sociale et conscient de la nécessité d’un État fort, déclencha une série de violentes émeutes qui achevèrent de déstabiliser l’ordre politique du pays. Cette époque impitoyable connue sous le nom de la Violencia, explosa dans toutes les campagnes de Colombie, exhortant à la fuite, les paysans originaires des régions les plus touchées. Parmi cette population flottante se trouvaient les premiers guaqueros qui peuplèrent en masse les mines d’émeraudes et provoquèrent l’essor vertigineux de l’exploitation informelle. Fuyant la guerre civile qui ensanglantait le pays, ils furent les initiateurs d’une alternative illégale au monopole minier de la Banco de la Repúbliqua, la Mineria clandestina qui se concentra pour l’essentiel dans les mines de Peñas Blancas. A) Guerres et paix à l’ouest du BoyacaEn 1960, la situation dans les districts miniers devint inextricable. Afin de réglementer le commerce illicite et le désordre qui en résultait, les titulaires de concessions firent appel à Efraím González, un bandolero conservateur, originaire du Santander qui fit aussitôt d’Otanche son centre d’opération. Sous sa mainmise et son intransigeante discipline, l’ordre se trouva bientôt restauré dans les exploitations ; la violence n’avait pas disparu, mais les codes de comportement impulsés par Gonzalez, parvinrent à la canaliser et dans une certaine mesure, à la maîtriser. Peñas Blancas demeurait toujours en marge de l’autorité, sans respect, ni crainte pour le pouvoir officiel. Mais l’ascendant de cet homme charismatique, ferme et froid, incita plus d’un à ne pas transgresser les règles non écrites. Malgré tout, les quinze mille guaqueros continuaient à oeuvrer jour et nuit dans la mine à ciel ouvert, ne semblant pouvoir être découragés, ni par les pénibles conditions de travail et d’existence, ni par les opérations d’intervention sporadiques de l’armée. Sous l’impulsion d’Efraim, les hommes de la Mineria devinrent par contre, très sensibles aux stéréotypes du folklore mexicain. Ils en adoptèrent les habitudes du desperado issu de la culture rurale, habitant dans de petites rancheras et portant leurs revolvers à la ceinture. Cette mise en garde claire contre l’issue possible d’un éventuel affrontement, instaura paradoxalement un climat de calme prudent entre les agents sur les sites miniers. En 1965, suite à l’assassinat politique d’Efraim Gonzalez, les mines d’émeraudes colombiennes sombrèrent à nouveau dans le chaos. • Les premiers affrontementsLa mort précipitée de Gonzalez créa un énorme vide où s’engouffra précipitamment la violence de la guaqueria jusqu’alors canalisée, mais maintenant livrée à elle-même. Il s’avéra donc très vite nécessaire de trouver un successeur au leader qui avait su résoudre, dans une large mesure grâce à son charisme, les problèmes d’ordre public qui grevaient lourdement la production et menaçaient continuellement les exploitations. Le groupe contrôlant la mine de Peñas Blancas se pressa donc de faire appel à son ancien bras droit, Humberto Ariza dit El Ganzo, alors enfermé à la prison de la Picota à Bogota. Aussitôt libéré grâce aux appuis clientélistes de ses commanditaires, il fut aussi vite nommé chef militaire du district et se retrouva en charge de la régulation sociale des mines, assurant ainsi la relève d’une puissance publique inapte à contrôler les territoires sous son autorité. Cette subite ascension sociale était évidemment propice à créer des vocations inextinguibles, et El Ganzo s’opposa bientôt au puissant groupe minier dont il entendit convoiter une part plus importante du pouvoir économique. Échappant de peu à un attentat, il se réfugia à Coscuez dans la région de San Pablo de Borbur où il fonda une armée d’une centaine de bandidos afin d’organiser les premières offensives pour le contrôle des territoires esméraldifères. Fidèle au rythme de la société traditionnelle, El Ganzo n’était que très peu intéressé par la réalisation des grands projets économiques de la nation. La richesse dont il disposait à portée de main, ne représentait pour lui qu’un moyen d’accès au pouvoir qui introniserait définitivement son statut de chef de clan et de leader politique. Tous l’opposa donc au groupe de La Pesada, fort de ses clientèles politiques au sommet de l’État, qui entendait ne pas tolérer la moindre ingérence dans les modalités qu’il avait déterminé pour la gestion des ressources d’émeraudes nationales. Parallèlement, la Banco de la Républiqua, débordée par les activités clandestines et la persistance des troubles sociaux, décida officiellement de se retirer de la zone. Une guerre ouverte fut donc déclarée pour la reconquête des districts. Elle sera de courte durée. Gilberto Molina, appartenant au groupe de La Pesada, recruta une quinzaine d’hommes intrépides sur les trottoirs de Bogota afin de constituer un noyau armé efficace pour former des troupes et affronter les soldats du Ganzo. Parmi ces nouvelles recrues, un se distingua plus particulièrement par sa grande cruauté et son indifférence face à la peur de mourir. Il se nommait Rodriguez Gacha. Fort de ses cohortes bien entraînées et puissamment armées, le groupe de La Pesada remporta facilement en 1971 la victoire finale de cette guerre qui fit quelques six cent soixante dix victimes. El Ganzo, ainsi que quatre vingt de ses hommes, retrouvèrent immédiatement le confort relatif de la prison de la Picota.. La paix signée, le groupe de la Pesada décida de régulariser les modalités de l’exploitation de l’émeraude et engagea un processus de négociation avec l’État pour la légitimation de ses droits défendus de haute lutte. Cette même année, on estima que plus de 90% des émeraudes colombiennes entrant sur les marchés internationaux provenaient directement de la production informelle. La puissance publique ayant amplement démontré son incapacité à gérer efficacement les ressources en émeraudes, les mines devenues jusqu’alors des sources illimitées de corruption et de violence furent donc pour la première fois accordées aux membres du groupe victorieux par le biais d’un système inédit de concessions. Ces derniers entreprirent aussitôt une exploitation frénétique des gisements auxquels ils accédaient pour la première fois en toute légalité. Les mines, officiellement abandonnées par l’État aux individus les plus influents de la région devinrent très vite l’objet d’une convoitise effrénée à la hauteur des extraordinaires richesses dont elles semblaient regorger. De plus en plus de muchachos furent incités à s’approprier les précieuses gemmes dont ils se sentaient injustement privés. Malgré son enfermement, El Ganzo continua donc dans l’ombre à mener une lutte larvée, mais violente pour reconquérir la part de marché auquel il estimait toujours avoir droit. Aussi, sans pouvoir constater d’améliorations significatives du climat socio-politique dans les exploitations minières, l’État revint abruptement sur ses directives. La production fut officiellement interrompue, et le gouvernement décida de procéder à l’occupation militaire des sites de Muzo et de Coscuez afin de juguler par son omniprésence active l’effusion sans précédent d’une violence destructive qui fit jusqu’à neuf cents victimes par an. Une nouvelle paix fut finalement renégociée en 1977 avec la caution du Gouverneur et de l’archevêque de Tunja. Officieusement, les partisans du Ganzo se virent offrir une participation aux activités minières en échange d’un compromis sur l’arrêt immédiat des affrontements bellicistes. Même si le pacte resta éminemment précaire et soumis aux aléas des convoitises intestines, l’officialisation de la répartition géographique des zones productrices par l’État conditionna une interruption des affrontements bénéfique au développement de l’effort de production certes, mais malheureusement très momentanée. Deux principaux groupes économiques se constituèrent néanmoins informellement de la répartition stratégique des zones d’exploitation minière, Muzo et Coscuez. Chacun d’entre eux agrégeant des clans, ils se munirent d’une infrastructure hiérarchique interne non officielle, censée agir comme un mode d’organisation efficace de l’activité minière, et éviter que ne resurgissent des conflits d’intérêts trop déstructurateurs. Le modèle de cette constitution perdure encore à ce jour dans les grandes exploitations minières. Au sommet de l’édifice économique se trouvent donc les patrons ou les propriétaires, caractérisés par « leur capacité à combiner un incontestable don de commandement avec la bienveillance dont ils usent avec les laissés-pour-compte et les dépossédés ». Ils se confondent donc souvent avec les chefs de clans ou caciques qui dirigaient les groupes informels oeuvrant sur les sites d’extraction, et qui ont mené la guerre pour le contrôle exclusif des exploitations. Leurs attributions formelles dans l’organisation et sa régulation des structures outrepassent donc largement le contexte strict des relations de production, leurs influences et leur autorité économique, politique et sociale s’étendant bien au-delà du cadre couramment admis dans lequel agit un chef d’entreprise traditionnel. Les planteros, personnages chargés de déterminer l’ordre économique, politique et social de la zone se situent juste au dessous dans l’échelle de la hiérarchie. Originellement, ces derniers organisent l’activité commerciale sur le site en établissant des contrats tacites avec certains guaqueros qu’ils acceptent de financer, en échange de la moitié du rendement de leur force de travail. Le plantero fournit ainsi l’outillage et la nourriture nécessaire au mineur informel, imposant en contrepartie que le fruit de la guaqueria. soit réparti en parts égales entre les deux contractants. Cette relation de travail est économiquement très importante pour l’exploitation. L’accumulation étant rapide, le plantero se doit d’être la première option d’achat pour le guaquero, une position qui lui permet ainsi de fixer en premier lieu le prix de la production. Ce type de liaison économique a l’insigne avantage d’entraîner avec le temps, la constitution d’un réseau de fidélités qui incite à la configuration de groupes d’influence soudés par des liens primaires, structurés autour d’un même mode d’organisation et reconnaissant l’autorité économique inaliénable du plantero sur le site minier. Les chefs militaires de l’organisation constituent également une partie importante de ce réseau en assurant la sécurité des aires de production. De chacun d’entre eux peut dépendre directement et indirectement plus de six cents personnes. En charge du climat social des exploitations, ils partagent cette tâche avec les leaders civiques responsables pour leur part de l’organisation municipale. Ces derniers sont ainsi chargés du recrutement des rasos, de jeunes hommes qui constitueront la matière première des groupes armés au service de l’organisation minière. Ces bandes se voient confier la responsabilité d’exercer une hostilité permanente contre la population attachée informellement à l’exploitation des gisements, ou tout au moins d’en contraindre les débordements excessifs. Durant la guerre, un des mécanismes favoris de ce harcèlement soigneusement théâtralisé était l’envoi de pamphlets anonymes écrits dans un langage militaire comminatoire et incisif où étaient péremptoirement mis en accusation, non seulement les ennemis directs de l’organisation, mais également les politiciens, parlementaires et sénateurs impliqués dans des arrangements collusoires avec les esmeralderos visés. Si ce type de menaces ne portait pas ses fruits, les bandes organisaient des assauts nocturnes contre les mines adverses qui se soldaient le plus souvent par des affrontements aussi stériles que meurtriers. Hormis ces campagnes de déstabilisation, la vigilance de ces bandes armées s’avérait fondamentalement nécessaire au jour le jour pour les exploitations en raison de deux phénomènes majeurs aux conséquences potentielles évidentes : en premier lieu, l’existence d’une masse importante de population flottante misérable, « sorte d’armée de réserve pour les commerçants qui voulaient utiliser leurs services » toujours prompte à se rebeller contre l’ordre ainsi établi ; en second lieu, « la présence dans les mines d’un grand nombre d’orphelins, désireux de venger [à tout prix] leurs parents assassinés » car la vendetta est en Colombie comme dans beaucoup de pays latins, un devoir familial traditionnel. Quoi qu’il en fut, cette période se caractérisa essentiellement par une violence récurrente dans les mines, faisant écho à une soif de lucre aussi inextinguible qu’incontrôlable car mettant en compétition des acteurs au statut très différencié. Le mode de régulation contextuel qui en découla, rendaient donc primordiales et fondamentales les valeurs de la fidélité et de la parole pour la passation des arrangements contractuels sur les sites bien que, paradoxalement, la situation ne s’y prêta guère de prime abord. Encore faut-il prendre en considération que face à l’informalité des relations entre agents et le caractère non officiel dominant des arrangements passés, la confiance constitue souvent le seul recours dynamique pour parvenir à une organisation stable du gouvernement de sites où l’autorité légale ne représente au plus qu’une norme de référence mais jamais une voie de recours ultime. À ce titre, la parole donnée peut avoir dans certains cas de figure une force supérieure à celle de la pénalité légale dans la passation des contrats de production, dans la mesure où la nature de l’environnement et des rapports sociaux qui s’y nouent ne reflètent qu’imparfaitement le respect des règles officielles. Cette situation témoigne à notre avis d’un dysfonctionnement dans le processus d’homogénéisation des comportements résultant d’une déconnexion entre la loi et le système de valeur présent. Grâce à l’apport théoriques des approches holistes, nous savons que la loi non négociée est « définie d’emblée au niveau collectif s’impose par la contrainte ou l’acquiescement d’une majorité », alors que le système de valeur est une norme « héritée de l’histoire ou de l’idéologie dominante à laquelle les individus adhérent sous peine d’être exclus du jeu social ». Dans l’exemple qui nous intéresse, les conventions issues d’un compromis entre ces deux facteurs ne font donc que reproduire le rapport de force existant au sein du système et concrétisant la prééminence de l’autorité privée sur la puissance publique. De ce fait, dans un univers aussi incertain et non sécurisé par la surveillance publique, les agents peuvent ne pas être incités à respecter leurs engagements pour totalité ou en partie ce qui rend le « resquillage » possible et attractif, et peut être potentiellement générateur de conflits. Dans le cadre d’un accord contractuel passé entre deux agents sur des sites de production où le tissu social est homogénéisé par la présence de réseaux informels garantissant la pérennité d’un ordre parallèle, le mécanisme principal de coopération, la confiance, doit donc inclure une modalité de répression susceptible de dissuader l’opportuniste potentiel d’adopter un tel comportement. Dans un profil dynamique permettant « de prendre en considération les schémas d’incitation avec report temporel des récompenses au-delà de la date de réalisation de la prestation », la simple menace de représailles en cas de non respect de la parole donnée dissuade généralement l’opportuniste potentiel averti de s’y résoudre ex ante. Nul n’est besoin pour autant de menacer la vie du contractant indélicat (même si cette possibilité n’est pas exclue pour les cas les plus sérieux) : en effet, dans le cas où il sacrifierait néanmoins à une telle pratique, le lésé a toujours la possibilité d’influencer la réputation de son partenaire, ce qui entraînera des répercussions sur la propension à coopérer des autres agents et la nature de leur comportement menaçant par ce biais son futur revenu (exclusion du territoire miniers, refus de coopération systématisé...). La confiance, principal tenant des arrangements contractuels, étant fondée sur la réputation, le coût d’opportunité des comportements opportunistes n’en devient que plus élevé « ce qui en limite la manifestation et permet aux règles [même les plus informelles] d’être respectées ». Encore faut-il savoir entretenir cette réputation en adoptant un comportement susceptible d’en donner une matérialisation immédiate, ou la racheter le cas échéant si la méfiance des autres agents peut handicaper les futures négociations. Comme le décrit Maria Victoria Uribe Alarcon : « [les esmeralderos] manient une éthique très particulière, qui consiste à couvrir les assassinats avec des actes de charité comme les dons d’argent aux plus nécessiteux ou de services publics avec la construction d’écoles et d’hôpitaux ; ce qui les tient en haleine, c’est la croyance en une justice divine qui, à l’heure du jugement appliquera la loi de la compensation. ». Quoiqu’il en soit, les mines apparaissent à l’évidence comme un univers fermé assez imperméable à toute tentative de rationalisation extérieure. Appréhendés selon un profil dynamique, les membres de ce système singulier vivent donc « une expérience commune qui les conduit individuellement à acquérir de l’expérience sur le processus dans lequel ils interagissent. Cette information permet, le cas échéant, d’améliorer l’efficacité de la coalition. Ainsi, avec le temps, les membres de la coalition ont de plus en plus intérêt à collaborer entre eux plutôt qu’avec des tiers car ils bénéficient d’effets d’expérience dans la coordination ». Si nous tenons cette assertion comme valable pour le cas du système productif de l’émeraude, on peut comprendre, à la fois, comment la multiplication et la perpétuation temporelle des comportements informels dans le processus de production ont pu susciter finalement leurs propres règles de fonctionnement et leurs routines spécifiques, et pourquoi l’introduction de l’État dans la production n’a pas engendré d’améliorations notables de l’efficacité organisationnelle des exploitations. Il faut simplement admettre que parfois la densité de la tradition matérialisée par le poids des conventions informelles peut être supérieure à la loi si cette dernière ne peut durablement s’imposer par la contrainte. Cela ne veut pas dire pour autant que la configuration ainsi définie soit optimale, seulement qu’elle apparaît préférable à la majorité des acteurs présents. NB : Ce texte est issu d'un travail personnel. Merci de me citer si vous l'utilisez. |